lanter un arbre ou un arbuste en septembre ? L'idée paraîtra farfelue. Pourtant, si l'on y réfléchit, elle ne l'est pas du tout. La terre est chaude, les grandes chaleurs sont passées et la pluie ne va pas tarder à tomber.
Certes, il ne faut pas planter à racines nues, bien sûr, mais le faire avec des plantes cultivées en pot et à la condition de bien les choisir. De toute façon, on ne trouve pas de végétaux à racines nues chez les pépiniéristes avant fin octobre, début novembre.
Cette plantation faite tôt en automne convient admirablement aux conifères, aux magnolias qui perdent leurs feuilles l'hiver tout autant qu'à ceux qui les gardent. Elle est aussi idéale pour les jeunes plants de haies persistantes, les troènes, fusains, buis, lauriers du Portugal, lauriers-tins, lauriers-roses ou ifs, voire les rhododendrons dans les régions au sol naturellement acide. Elle ne l'est pas moins pour ceux des haies libres que l'on ne fait que contenir pour qu'elles ne poussent pas en tous sens mais se fondent dans la nature ou créent l'illusion d'une absence de clôture marquée dans un jardin aux contours un peu trop rectilignes.
Plantés maintenant, les arbustes auront le temps de faire quelques racines avant que leur végétation ne se mette au repos pour ceux qui ont une période de sommeil marqué, quand les persistants qui ne cessent jamais tout à fait de pousser seront moins stressés d'être mis en terre maintenant qu'au plein coeur de l'hiver.
Autre avantage, ces plantes bien mieux enracinées au printemps prochain pousseront mieux et nécessiteront des apports d'eau moins importants que si elles étaient plantées en hiver ou au printemps.
Cette plantation d'automne pratiquée depuis longtemps dans les régions du sud de la France doit maintenant être appliquée dans les régions septentrionales. La crainte de voir certaines plantes souffrir des rigueurs de l'hiver, d'être plantées à la mauvaise saison, ce qui les aurait fragilisées, est passée.
CREUSER UN BON TROU
Petit avantage non négligeable, certains arbustes qui sont restés dans les étals des jardineries sont parfois soldés avant l'arrivée massive de ceux qui vont les remplacer.
Planter n'est pas compliqué, mais réclame tout de même quelques soins qui vont conditionner la croissance des plantes. Il faut creuser un trou dont la taille devrait être du double de celle du pot qui contient l'arbuste à mettre en terre. N'allez pas trop vite ! La terre du trou doit être mise dans une brouette ou sur une bâche étalée sur le sol afin qu'elle ne se mélange pas à celle de la plate-bande ou exige un pénible ratissage de la pelouse... ou de ce qu'il en reste à la sortie de l'été pas grave, elle va reverdir.
Il faut faire un joli trou, et un joli trou n'en est pas un dont les bords sont rectilignes, c'en est un qui soit le plus accueillant possible. Ses bords seront évasés comme ceux d'une coupe et le fond sera ameubli, éventuellement à la pioche si la terre est argileuse ou très caillouteuse. Le plus souvent, le fer de fourche-bêche violemment planté au fond suffit. Après quoi, on le fera pivoter sans l'avoir déterré pour triturer le sol. Et l'on recommencera autant de fois qu'il le faudra pour ameublir ce qui doit l'être de façon que les racines puissent s'enfoncer dans la terre facilement.
Quand le trou est fait, il faut le remplir pour que la surface de la terre du pot dans lequel la plante a été achetée affleure le sol à l'entour. Rien n'interdit de jeter de l'engrais complet sur la terre remise dans le trou et de le mélanger avec. Après quoi, on retirera l'arbuste de son pot que l'on aura au préalable mis à tremper ou très abondamment arrosé s'il est trop gros.
Ne pas hésiter à le sacrifier en le découpant au cutter. Bien faire attention à ne pas se couper en ne mettant jamais la main qui tient le pot immobile dans le trajet de la lame qui peut riper...
PETIT SEAU, PETIT RÂTEAU
Sortie du pot, la motte racinée sera griffée de façon à la dépouiller un peu et à contraindre les racines à pousser vers l'extérieur. Si l'on peut se passer de cette opération avec les plantes de terre de bruyère, il faut impérativement le faire pour les autres. Un petit râteau de jardinier ou un petit croc conviennent, pour en gros, retirer trois ou quatre centimètres de terre tout autour de la motte.
C'est presque fini ! Ensuite poser l'arbuste dans le trou et commencer le remplissage avec la terre qu'on a dans la brouette ou sur la bâche. Un petit seau ou une petite pelle à cendres étroite, de celles qu'on utilisait pour vider les chaudières à charbon autant que pour remplir le seau de boulets, sont idéaux. La pelle ne sert que pour les grands sujets.
Et l'on tasse ensuite soit avec un manche de pioche, soit avec le tuyau d'arrosage d'où sort un filet d'eau, c'est la solution que nous préférons depuis toujours car elle évite les poches d'air. Et l'on continue ainsi jusqu'au remplissage.
Deux ou trois jours plus tard, la plante se trouve un peu plus bas dans le trou ; on en profite pour faire une petite cuvette qui recueillera l'eau d'arrosage.
Que faire de la terre qui reste dans la brouette ou sur la bâche ? Bonne question, il en reste toujours. Elle va sur le tas de compost ou on l'étalera çà et là sur la pelouse là où l'on voit des trous à boucher. |