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CULTURE Voyages

  • En Thaïlande dans le secret des grottes de Bouddha

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    Par Christophe Doré Publié Réactions (15)
    La grotte de Phraya Nakhon, cachée dans la montagne, abrite un pavillon royal transporté au XIXe siècle de Bangkok à la remande du roi Rama V.
    La grotte de Phraya Nakhon, cachée dans la montagne, abrite un pavillon royal transporté au XIXe siècle de Bangkok à la remande du roi Rama V. Crédits photo : jean-erick Pasquier
     

    Au royaume de Siam, les moines bouddhistes ont investi des grottes propices au recueillement. Ces cathédrales de roches où trônent des bouddhas géants ont toutes leurs légendes et leurs secrets.


    Sur le sable brûlant de la plage de Sam Roi Yot, les vagues du golfe de Siam s'écrasent mollement comme terrassées par la chaleur. Juste derrière, un bus multicolore, dont la calandre est couverte de rétroviseurs à vocation purement décorative, vient se garer sur le parking dans un nuage de poussière. La sono du car est à fond. Une horde de lycéens thaïs s'échappe par la porte avant, courant vers les échoppes à touristes. Quelques Britanniques égarés déambulent, les pieds dans l'eau, pour se rafraîchir. La masse des vacanciers européens reste traditionnellement plus au sud, du côté de Phuket ou de Ko Samui. Pourtant, les dépliants livrés à l'entrée du parc des Trois Cents Pics, sont formels: «Cette zone naturelle, montagneuse et préservée, recèle de multiples trésors, dont l'incroyable pavillon du roi dans la grotte de Phraya Nakhon.»Assis sur un muret, une femme sans âge et un vieux moine bouddhiste vêtu d'un kesa élimé et sale s'amusent en nous découvrant suants dans la moiteur ambiante. «Boat, boat, cave!» lance la femme en riant. Il faut prendre les barques de pêcheurs pour rejoindre la grotte, tente-t-elle d'expliquer dans son anglais rudimentaire. Pas forcément. On peut aussi suivre le sentier côtier dans l'espoir d'apercevoir quelques langurs sacrés ou des macaques mangeurs de crabes. En marchant, on les sent tout près dans l'agitation grouillante de la jungle qui protège la montagne devant nous. C'est là qu'il faut grimper.

    Mais d'abord, le parc des Trois Cents Pics dévoile un autre de ses trésors, la plage de Leam Sala, langue parfaite de sable blanc où quelques cabanes sur pilotis se camouflent sous les arbres. Une plage de rêve pour Robinson. D'après la carte, la grotte de Phraya Nakhon est juste en face, 400 mètres plus haut. L'ascension par un sentier taillé dans la roche commence. Elle serait facile si la forêt cuisant sous le soleil ne transformait l'air ambiant en étuve. Deux langurs passent nonchalamment au-dessus de nos têtes. Ils glissent sur la canopée avec une facilité déconcertante pour les pauvres bipèdes crapahutant que nous sommes.Quelques litres de sueur plus tard, la montagne semble s'ouvrir. La végétation se fait plus rare. La lumière s'adoucit, puis la pénombre s'impose et, avec elle, une fraîcheur salutaire. Au XVIIe siècle, Nakhon Sritha, seigneur de la région, a franchi ce même passage quand il a découvert le lieu, sans doute au cours d'une partie de chasse.

    Les rois ont posé leur signature sur la roche

    Les bruits de la jungle s'estompent comme si le silence s'imposait pour franchir le seuil du gigantesque temple naturel qui se cache derrière un goulet obscur. L'image s'impose alors dans sa perfection troublante: un pavillon aux proportions idéales brille sous un trait de lumière plongeant du ciel. Tombant en cascade sur les parois rocheuses, la végétation luxuriante s'écrase à ses pieds en signe de dévotion.C'est ici que venait se reposer le roi du Siam, Rama V, durant ses longs trajets pour rejoindre Nakhon Si Thammarat, dans les provinces annexées du Sud. Le roi adorait ce site hors du temps, qui rassurait aussi ses capitaines: qui serait venu le déloger dans ce cratère? Son père, le légendaire Rama IV, moine pendant vingt-sept ans avant de monter sur le trône, et rendu célèbre par le film Anna et le roi, vint aussi poser sa signature sur les murs de cette caverne sacrée. Juste à côté du sigle royal, dans un renfoncement discret et sombre, les moines se recueillent encore quelquefois. La grotte de Phraya Nakhon est en cela tout un symbole: celui de cet étrange lien qui perdure en Thaïlande entre les moines, la pratique populaire du bouddhisme et ces mystérieux temples troglodytes qui parsèment son territoire.

    Des ermites détenteurs de pouvoirs magiques

    Transformer les grottes en lieux de prière et de méditation n'est pas spécifiquement thaï. Les cavités ont, depuis les origines du bouddhisme, attiré les moines et les ermites. Le site des grottes de Longmen, en Chine, classé au patrimoine de l'Unesco, regroupe ainsi 1352 cavités aménagées et 97.000 statues de Bouddha! Mais en Thaïlande, où le bouddhisme theravâda est une religion officielle pratiquée par 90 % de la population, les grottes sont des lieux de vie quotidienne pour se recueillir et éviter accessoirement quelques maléfices grâce à des offrandes judicieuses.Le bouddhisme thaï est imprégné d'animisme. Dans chaque grotte, les visiteurs se succèdent pour interroger l'avenir ou apaiser les esprits du lieu (chao thi). A côté des nombreuses statues de Bouddha, on trouve des représentations de personnalités respectées pour leur grande sagesse. Ces ermites, selon les légendes, détiennent des pouvoirs liés à la médecine traditionnelle, l'art sacré des tatouages magiques ou le détournement des sortilèges. Ils imposent le respect, encore aujourd'hui.Bee, croisée près de Phetchaburi, dans la jolie grotte de Tham Khao Yoi où trône un bouddha allongé de 15 mètres de long, nous explique: «J'ai 42 ans, j'habite Bangkok et je suis mère de deux enfants de 7 et 14 ans. Je viens régulièrement me recueillir ici car c'est un endroit très connu pour éloigner le mauvais sort.» Elle poursuit: «Je sais que vous ne croyez pas beaucoup à cela en Occident, mais c'est important pour nous. Faire des dons, posséder une amulette, venir ici apaiser les esprits, tout cela permet d'éviter la malchance. Personnellement, je fais aussi une retraite annuelle de quelques jours dans un monastère. Cela m'apporte beaucoup de paix et de sérénité. Je vis en meilleure harmonie avec mon mari, ma famille, mes collègues de travail...»

    Des milliers de chauves-souris gardent les grottes sacrées

    Cette religiosité, mélange de superstition et d'application des préceptes bouddhistes, trouve parfaitement sa place dans l'activité quotidienne des moines qui sont environ 300.000, pour 68 millions d'habitants. «Les moines de Thaïlande sont très proches du peuple et le bouddhisme joue le rôle de ciment du tissu social, explique Alain Grosrey (voir son Grand Livre du bouddhisme, Albin Michel). Les moines retrouvent ainsi leurs fonctions ancestrales qui consistent à guider les laïcs dans leur vie spirituelle.» C'est ainsi qu'avec le temps les moines se sont imposés comme les gardiens de ces grottes près desquelles sont souvent construits des monastères abritant des confréries de cinq à cinquante religieux, suivant l'importance du lieu.Sukalu, est l'un d'entre eux. Moine depuis huit ans, il a rejoint une confrérie près de la grotte de Chompol, à proximité de Kanchanaburi, ville abritant le célèbre pont de la rivière Kwai.

    Chaque jour, Sukalu se lève à quatre heures du matin. Après son temps de méditation et un petit déjeuner frugal offert par une personne croisée sur la route - comme tous les moines, Sukalu vit d'offrandes -, il se fait déposer devant la grotte. Sa journée de travail commence. Il prépare les offrandes, des fleurs, des bâtons d'encens et des petites feuilles d'or que les visiteurs posent sur les statues de Bouddha après leurs prières pour s'attirer les bonnes grâces des divinités. «Les gens demandent ma bénédiction et je la leur donne volontiers. Je récite aussi des prières pour eux, je suis là pour leur apporter des choses positives», confie Sukalu. Sur les raisons qui l'ont poussé à devenir moine et à s'occuper de la grotte, il ne dit rien. Pourquoi? Comment? Toutes ces questions n'ont pas beaucoup de sens à ses yeux. Il lâche dans un large sourire: «Cet endroit est apaisant, voilà pourquoi nous sommes là. Les gens le sentent et moi aussi je me sens bien ici.»A Tham Khao Luang, près de Phetchaburi, ou dans l'incroyable temple des chauves-souris de Ratchaburi - surnommé ainsi car des centaines de milliers de vampires gardent avec les moines les grottes sacrées -, ce sont les mêmes rituels, les mêmes prières. Idem à Krabi, au temple de la grotte du Tigre qui est un haut lieu de méditation en Thaïlande. Il regroupe une communauté de 250 moines et nonnes dont certains vivent isolés dans des cellules troglodytes pendant des mois. Comme si le temps n'avait pas de prise, à quelques mètres sous terre ou dans la pénombre et la fraîcheur des montagnes et des forêts, les Thaïlandais se libèrent, en quête de «la pureté essentielle de l'esprit» chère aux bouddhistes.Certains lieux sont plus touristiques que d'autres et perdent un peu de la sérénité nécessaire à ces demeures de silence.

    À Tham Khao Yoi, vers 17 heures, un moine vient récupérer les liasses de billets que les visiteurs ont laissées aux nonnes chargées de recueillir les offrandes. La communauté s'enrichit à peu de frais. Mais qui cela gêne-t-il? Vers Kanchanaburi, à la grotte du temple du Dragon d'or dans laquelle on pénètre par la bouche d'un dragon géant, une nonne flottante attire les cars de touristes. Dans un bassin aménagé, avec des gradins et les boutiques attenantes, cette religieuse pratique la méditation allongée dans l'eau, sous les objectifs et les flashs des visiteurs médusés. On est loin de la sérénité et du calme nécessaires à ce genre de pratique. «Son vrai temps de méditation ne se passe évidemment pas là», commente Sattaya en riant, un technicien en climatisation de Bangkok venu quelques jours en retraite. «Elle a ce don et elle en fait profiter la communauté, voilà tout!» résume-t-il.À Sam Roi Yot, on dit que les esprits gardent le pavillon du roi au coucher du soleil. Avec l'arrivée du soir, une pluie chaude et drue tombe dans la cavité de Phraya Nakhon alors que le tonnerre gronde au loin. Dans la lumière rasante, les gouttes d'eau brillent comme les feuilles d'or que les Thaïs collent sur leurs bouddhas. Grâce à elles, l'avenir de celui qui les pose reste à jamais radieux, paraît-il.

    Par Christophe Doré

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