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L'Année Cézanne, un centenaire avec fastes

commémoration Expositions prestigieuses en France et aux Etats-Unis, colloques, conférences, manifestations, publications : un riche programme pour célébrer le centenaire de celui que Matisse appelait le «Bon Dieu de la peinture».
Hervé de Saint Hilaire
[06 janvier 2006]

L'année Cézanne, qui célèbre le centenaire de la mort du peintre, s'annonce fastueuse. Il est loin le temps des éreintements rageurs, parfois nauséabonds, de la critique au début du XXe siècle : «Expression d'art telle qu'elle pourrait émaner de quelque artiste malgache» (Boisard dans Le Monde illustré), «oeuvres dignes de charmer les jeunes spectateurs du Guignol» (Bettex dans La République française), «crainquebille coloriste» (François Monod, 1905) et autres gracieusetés d'une cécité satisfaite que Cézanne, sans cultiver spécialement le baudelairien «plaisir aristocratique de déplaire», ignorait, indifférent à ces quolibets comme il l'était aux pierres que lui jetaient les enfants sur les chemins de Provence ou aux «fada» des paysans éberlués par ce promeneur massif, hirsute et bougonnant. Il fut autrement chagrin à la publication de L'Oeuvre, le roman monstrueux de son ami Zola qu'il ne reverra plus. Cézanne ne chercha jamais à séduire, à être aimable ou joli . Mais l'intransigeance de cet infatigable explorateur du réel, l'aventure de son oeuvre («Je suis le Primitif de l'ère que j'ai découverte») vaudront à Cézanne des enthousiasmes sans réserves.


Et quels admirateurs ! Voici Claude Monet : «C'est le plus grand de nous tous !» (soit dit en passant, Cézanne lui même, confessa un jour, en toute candeur, «Je commence à me sentir plus fort que tous ceux qui m'entourent») ; voici Matisse qui, jeune étudiant fauché, s'était privé pour acheter une version des Baigneuses où il puisa sa «foi» et sa «persévérance», s'exclamant «C'est le Bon Dieu de la peinture» ; voici Mary Cassat, grande artiste américaine admirative, qui sous le vernis – si l'on ose dire – du terrible bonhomme aux allures de «bandit de grand chemin» avait trouvé des trésors de délicatesse ; voici même Jupiter, Pablo Picasso, plein de son sentiment de superbe et de puissance, devenant soudain enfant et mortel et reconnaissant, déclarant en 1943 «Cézanne était mon seul et unique maître !... Notre père à nous tous !»



Premier grand événement pour le centenaire : une exposition intitulée «Cézanne en Provence» d'abord présentée à la National Gallery of Art de Washington (du 29 janvier au 7 mai) puis au Musée Granet d'Aix-en-Provence (du 9 juin au 17 septembre), aujourd'hui «musée de France», qui s'est considérablement agrandi (4 500 m2 pour les espaces d'exposition) après les travaux de rénovation et de réaménagement confiés aux architectes Pierre Brotons et Jean-François Bodin. Bien sûr, on ne saurait voir dans ce thème une quelconque exaltation d'un simple régionalisme. Simplement pour percer le mystère du monde, les beautés rudes de sa terre natale ont suffi à Cézanne, qui n'a jamais voyagé (sauf à Pontoise, Auvers-sur-Oise et au Louvre, quand il copiait les maîtres...) pas même en Italie. «Définir du circonscrit pour y trouver de l'inépuisable», c'est la tâche du poète selon Claudel qui subvertissait Baudelaire, encore lui, et son «plonger au fond du gouffre pour trouver du nouveau». Cézanne, au fond, n'avait cure de la «modernité» et en faire le fondateur de la peinture à venir est bien réducteur. Le propos de Claudel peut s'appliquer au Maître d'Aix, qui étonna Paris avec des pommes, revint inlassablement sur quelques motifs, quelques schèmes travaillés jusqu'au vertige comme la fameuse Montagne Sainte-Victoire (présente dans plus de 80 oeuvres), Sinaï de ce Moïse d'où il put entrevoir une mystérieuse, palpable mais toujours dérobée Terre promise. L'exposition est riche de 84 toiles et 32 aquarelles venues de collections publiques et privées du monde entier, des Etats-Unis à la Hongrie en passant par le Brésil ou les Pays-Bas. Cézanne l'universel.


Cérébral et charnel

Autre grande exposition : celle proposée du 28 février au 28 mai par le Musée d'Orsay (en collaboration avec la Réunion des Musées nationaux, le Museum of Modern Art de New York et le Los Angeles County Museum of Art) : «Cézanne et Pissarro. 1865-1885». Une confrontation avec plus de soixante oeuvres (portraits, autoportraits, natures mortes et paysages) entre les oeuvres de deux artistes qui s'admiraient l'un l'autre, le premier parlant de «l'humble et colossal Pissarro», tous deux se retrouvant autour d'une même priorité, la «sensation», et de leur amour de la vie silencieuse et d'une rusticité presque transcendantale.

De nombreuses publications paraissent et paraîtront tout au cours de l'année. Les catalogues des principales expositions, bien sûr, mais aussi des ouvrages destinés aux jeunes et même une bande dessinée. Nous en reparlerons longuement.


La célébration de l'année Cézanne sera particulièrement foisonnante en Provence. De nombreux colloques et conférences à l'Atelier des Lauves et à Aix-en-Provence jusqu'en décembre prochain. Et trois cents enseignants de l'Académie d'Aix-Marseille ont conçu avec la mission Cézanne 2006, des projets pédagogiques très variés à l'intention des classes de tous nivaux. A signaler également, une belle initiative, une invitation à découvrir l'esprit des lieux où vécut ce peintre cérébral et charnel qui voulait «faire du Poussin d'après nature». Entre autres possibilités de pèlerinage, trois sites seront exceptionnellement ouverts au public : le Jas de Bouffan, magnifique bastide du XVIIIe siècle que Cézanne habita en poète quarante années durant ; les carrières de Bibémus et la luminosité de leur ocre, sur le grand site Sainte-Victoire, sillonnées et peintes par l'artiste et l'atelier des Lauves dans lequel il médita tant sur la mort. Elle allait venir dans la nuit (comme si la lumière était en deuil) du 22 au 23 octobre 1906. Cézanne avait prononcé un jour cette phrase : «Je n'existe pas». Dans ces mots il y a plus de vérité que d'orgueil. Quel besoin «d'être» quand on s'est à ce point identifié à son art, c'est-à-dire au monde et non à un moi misérable et haïssable ?

 

 

Paul Cézanne

1839-1906

" Moi vivant , jamais une oeuvre de Cézanne n'entrera au Musée" déclara Pontier, le nouveau conservateur du Musée d'Aix. Et il tiendra parole !. Nous sommes en 1901.

Même les siens ne l'ont pas reconnu

Quelques années plus tôt, en 1895. Son marchand ambroise Vollard a organisé une grande exposition qui lui fut consacrée Elle lui demanda beaucoup d'efforts pour rassembler ses tableaux. Ambroise Vollard raconte dans son livre" En écoutant Cézanne, Degas, Renoir," comment débarquant à Aix, il s'en fut à la chasse aux Cézanne que, disait-on, le peintre abandonnait à des gens qui n'en avaient nul souci, ou qu'il laissait sur le terrain quand l'étude ne lui convenait pas. Il trouva un premier possesseur qui se défit de sa toile à bon compte et l'emmena bientôt vers une autre demeure pour le même motif. « Je le suivis, écrit Vollard, dans une maison où, sur le palier qui, à Aix, tient lieu généralement de « débarras », quelques magnifiques Cézanne voisinaient avec les objets fêlés, vieux souliers, seringues hors d'usage, cage d'oiseau, pot de chambre.. Mon guide frappa à la porte qui s'entrebâilla, retenue par une chaîne de fer. Un couple était accouru. Des questions furent posées, nombreuses. Mais la confiance ne venait décidément pas... » Quand Vollard eut accepté le prix de mille francs demandé avec audace par les Aixois, il fallut encore que le mari aille à la banque pour vérifier si le billet était bon. Cela fait, il revint et l'acquéreur put emporter ses toiles. « A peine avais-je quitté la maison, poursuit ce dernier, que je m'entendis héler de la fenêtre : « Eh ! l'artiste» vous en avez oublié une » Et un paysage de Cézanne s'abattait à mes pieds ! » Ce tableau pouvait être la Montagne SainteVictoire au grand pin qui est à présent exposé au musée Metropolitan de New York.

La série de la Montagne Sainte Victoire

 La série des Montagne Sainte-Victoire comme les Nymphéas de Claude Monet, les natures mortes cubistes (celle de Picasso, de Braque ou de Juan Gris) conduisent à méditer sur cette fascination du regard obsédé par un thème que le travail pictural fait disparaître par l’effet d’exercices formels de plus en plus déréalisants. C’est que le travail sériel contient le destin temporel de la vision: l’œil ne s’arrête pas arbitrairement sur un simple prétexte, il choisit l’objet sur lequel il va s’acharner, car la série a pour but de dénaturer et, à chaque moment de l’histoire, c’est une nouvelle idéologie de la nature à laquelle le peintre s’affronte.

 

Musée de St Petersbourg

Musée d'Orsay

Musée de Baltimore

Musée de Tokio

 

 

 

 

Musée d'Edimbourg

Montagne Ste Victoire des jardins de lauves

Musée de Philadelphie

Musée de Basle

collection Barnes

Musée Metropolitan

Cézanne, dans la première série qu’il consacre, entre 1882 et 1887, à la montagne Sainte-Victoire , qui reste aujourd’hui comme son sujet de prédilection, en est arrivé à un style imprégné de classicisme. La construction formelle du motif est désormais déterminante, comme dans La Montagne Sainte-Victoire au grand pin, où les branches de l’arbre, au premier plan, accompagnent sur toute la longueur du tableau la courbure de la montagne, avec une intention évidemment décorative, teintée de japonisme. La touche, compacte et resserrée, disposée en vibrantes diagonales parallèles, acquiert une certaine autonomie par rapport aux objets représentés. Le coloris, plus éclatant et plus tranché, s’affranchit lui aussi du strict rendu réaliste: l’effet proprement plastique semble désormais primer. C’est au même moment qu’apparaissent, dans les natures mortes, les distorsions de l’espace qui ne peuvent, comme on le pensait à l’époque, relever, à ce stade du développement stylistique cézannien, de simples maladresses. Incomprises en leur temps, elles sont ensuite devenues comme l’un des traits caractéristiques de son génie, génie d’un peintre annonciateur ou initiateur du cubisme.

Ce côté prophétique semble bien loin, en tout cas, des préoccupations de l’artiste qui, dans les quinze dernières années de sa vie, rassemble tout son travail antérieur, en particulier dans la seconde série des Montagne Sainte-Victoire, Cézanne, qui disait, dans ces dernières années, progresser chaque jour un peu plus, écrivait pourtant en 1906 à son fils: “Enfin je te dirai que je deviens, comme peintre, plus lucide devant la nature, mais que, chez moi, la réalisation de mes sensations est toujours très pénible. Je ne puis arriver à l’intensité qui se développe à mes sens, je n’ai pas cette magnifique richesse de coloration qui anime la nature.”

Parcours et formes

Aux années de jeunesse et de formation parisienne correspond ainsi une période “romantique”. Lui succède, de 1872 à 1877, la période “impressionniste”, puis, après qu’il s’est détaché du groupe, la période “constructive” jusque vers 1886-1887. Vient enfin la période “synthétique”, où Cézanne rassemble ses recherches pour arriver à cette “terre promise” qu’il dit entrevoir, dans une lettre à Vollard de 1903. L’analyse formelle joue un rôle déterminant dans cette répartition, le style de Cézanne s’épurant constamment pour aboutir aux œuvres ultimes qui constituent la quintessence de son travail. La place du peintre, entre le romantisme et le réalisme, d’une part, et le cubisme de l’autre, héritier des avant-gardes de son siècle, précurseur de tout le modernisme pictural, en ressort d’autant mieux, et par voie de conséquence la portée de son œuvre. I

Ce qu’il appelait sa peinture “couillarde”, autrement dit les œuvres de sa jeunesse, faites autant pour affirmer son métier naissant que sa forte et contradictoire personnalité, pour choquer et pour étonner tout à la fois, est nettement influencée par les peintres qu’il admirait: les Vénitiens, Titien et Giorgione, les Flamands, surtout Rubens, les Espagnols aussi, les Français enfin, essentiellement Delacroix et Courbet, mais aussi Daumier et, un peu plus tardivement, Manet. Il emprunte à chacun des éléments formels au service d’un style très personnel, caractérisé par la violence de la touche, large, souvent empâtée, retravaillée au couteau: la matière picturale s’étale sur la toile.

  Les pommes de Zola, l'ami infidèle

Ensemble ils sont montés à Paris; Tous deux se sont installés dans le quartier du Panthéon. Pourtant bientôt leurs caractères et la vie les séparent. Zola court les salles de rédaction pour placer ses articles; Cézanne s'est inscrit à l'académie Suisse ; Il y rencontre Pissarro qui s'intéresse à lui, le conseille et le mets en garde contre les difficultés et les déboires. Cézanne a commencé le portrait d'Emile Zola; il ne l'achèvera pas. Paul Cézanne est reparti pour Aix . Zola juge son ami. Cette désertion l'accable: " Paul peut avoir le génie d'un grand peintre, écrit-il à Baille, autre peintre, il n'aura jamais le génie de le devenir." leur voie diverge d'autant plus que Zola est devenu un homme célèbre. Leurs relations se compliquent lorsque Paul alors agé de 46 ans s'éprend d'une belle servante. Cette aventure achève de discréditer le peintre dans l'esprit de son ami. Zola voit maintenant en lui non plus l'ami d'autrefois mais le personnage qu'il anime dans son dernier roman 'l'oeuvre" un nouveai récit de Rougon-Macquart; ce Claude Lantier au génie impuissant.

Paul Cézanne reçoit un jour à Gardanne ce livre de Zola. C'est l'histoire d*un peintre, incapable de fixer son génie, de discipliner ses dons et qui aboutit finalement au suicide. Cézanne, dès les premières pages a reconnu les personnages: Sandoz, c'est Zola, l'écrivain; Dubuche, c'est Baille et Lantier, c'est lui-même. Mais à mesure qu'il poursuit sa lecture, que les traits du peintre raté se précisent, Cézanne atterré découvre ce qu'il est aujourd'hui dans la pensée de son meilleur ami. Ce n'est pas la colère qui l'assaille; c'est quelque chose de plus amer, comme l'immense détresse de perdre un ami cher qui a oublié ce jour de 1852.

Ce jour là une dispute avait éclaté au Collège Bourbon, que tous deux fréquentaient;Paul avait pris fait et cause pour ce gosse de huitième myope, rougissant, à qui nul ne devait adresser la parole. Dieu sait par quel «interdit»... Mais Paul se moquait des interdits et fraternisa avec le jeune solitaire qu'il allait prendre en amitié. De la bagarre qui s'ensuivit, Cézanne sortit vainqueur et son prestige s'en trouva accru. Désormais, on les appellat les «deux inséparables». Le lendemain, le garçon apporta un panier de pommes à son défenseur. C'était le fils d'un ingénieur mort cinq. ans plus tôt. Il s'appellait Emile Zola. ...« Les pommes de Cézanne, elles viennent de loin», dira-t-il plus tard. 

pommes et oranges de Paul Cézanne

Les pommes de Cézanne

CEZANNE Le Père de la peinture Moderne

Décrié à ses débuts, et encore assez tard dans sa vie, Cézanne est aujourd’hui une figure capitale de l’histoire de l’art.

Sa participation au mouvement impressionniste, somme toute relativement mineure, compte moins ici que la place qu’il occupe entre le XIXe et le XXe siècle, entre d’une part le romantisme de Delacroix et le réalisme de Courbet, qui le marquèrent si fortement à ses débuts, et, de l’autre, les mouvements de la peinture contemporaine depuis le cubisme qui, à des degrés divers, se réclamèrent tous plus ou moins de lui.

Il n’est pas sûr que le bruit fait maintenant autour de son œuvre aurait vraiment réjoui le Cézanne des dernières années, qui redoutait par-dessus tout qu’on le récupérât, qu’on lui mît “le grappin dessus”. La peinture fut pour lui avant tout un travail d’ouvrier, un travail solitaire, sauf à de rares moments, presque pénible, pratiqué sans interruption. De même le dessin, dont on oublie trop souvent qu’il s’agit d’un élément essentiel de son processus créatif. Il plaçait très haut les fins de l’art, voulant produire des tableaux “qui soient un enseignement”. Aussi ces derniers sont-ils de plus en plus réfléchis au fur et à mesure qu’il vieillit, mûris dans l’introspection d’un artiste qui, cependant, se donnait comme premier maître la nature: “On n’est ni trop scrupuleux, ni trop sincère, ni trop soumis à la nature; mais on est plus ou moins maître de son modèle, et surtout de ses moyens d’expression”, écrivait-il en 1904. Cette tension entre la réalité objective et sa transposition esthétique est au cœur de sa démarche. Ainsi s’explique pourquoi Cézanne a pu être un modèle pour les générations qui l’ont suivi, alors même qu’elles employaient des chemins divers et contradictoires entre eux.

"Si Cézanne avait raison, j'ai raison" s'écrie Matisse alors qu'il est en proie au doute. Matisse confiera un jour de 1925 à Jacques guenne " Cézanne, voyez-vous est bien une sorte de bon Dieu de la peinture.; Il y a dans ses oeuvres des lois d'architecture, qui sont bien utile à un jeune peintre." Matisse poursuit " Cézanne eut, entre les plus grands, le mérite de vouloir donner à sa tâche de peintre sa plus haute mission: Que les tons fussent des forces dans un tableau... Dangereuse son influence? Et puis après? Tant pis pour ceux qui n'ont pas assez de force pour la subir!"

"Nous sommes tous partis de Cézanne" dira Fernand Léger. Albert Gleizes surenchirat " Qui comprend Cézanne pressent le Cubisme". en effet, il suffit d'envisager attentivement le processus de ce réalisme qui parti de la réalité surperficielle de Courbet s'enfonce avec Cézanne dans la réalité profonde et s'illumine en obligeant l'inconnaissable à reculer..."l'influence de Cézanne apparaitra chez Picasso par le truchemenr de Derain dès 1904. Derain a en effet passionément analysé Cézanne. C'est à partir de Cézanne que Derain a interrogé l'art nègre; cette influence, Derain la partagera avec Matisse puis avec Picasso et conduira entre 1906 et la fin 1907 aux baigneuses du premier, au nu bleu du second et aux Demoiselles d'Avignon du troisième. Tous les trois se seront imprégnés du constructivisme et de la forme structurale des oeuvres de Cézanne.

Nu Bleu de Matisse

Demoiselles d'Avignon de Picasso

Baigneuses de Derain

 Une vie de peintre

 

Le milieu d’origine de Cézanne est celui de la bonne bourgeoisie provinciale. Son père, propriétaire à Aix-en-Provence d’une prospère fabrique de chapeaux, vivait cependant quelque peu en marge de la société aixoise: il n’était pas marié avec la mère de son fils, une de ses anciennes ouvrières, lorsque ce dernier naquit, en 1839, et ne légalisa sa situation que cinq ans plus tard (une fille étant d’ailleurs née entre-temps), avant de s’établir comme banquier. Cézanne fit toutes ses études à Aix, acquérant une solide culture classique et se liant d’une profonde amitié avec quelques-uns de ses camarades de collège, au premier rang desquels Émile Zola, alors son confident le plus intime. Son père le destinait au droit, et il s’inscrivit à la faculté d’Aix en 1858. Sa vocation artistique était pourtant déjà assez affirmée (il avait suivi les cours de l’école gratuite de dessin depuis 1857) pour qu’il songe à aller étudier la peinture à Paris. Il finit par obtenir de son père, qui l’entretient, l’indispensable autorisation, et fait un premier séjour parisien au printemps et à l’été de 1861. Il revient à Aix travailler dans la banque paternelle, mais repart un an plus tard pour Paris. C’en est désormais fini des faux départs, des hésitations sinon du découragement devant les difficultés du métier: Cézanne, définitivement, a décidé d’être peintre.

Les années suivantes, où il alterne les séjours parisiens, les retours à Aix et les voyages en Provence, le voient suivre le chemin d’un étudiant indépendant, mais aussi respectueux, sur bien des aspects, de l’apprentissage traditionnel. Il travaille sur le modèle à l’Académie suisse, fréquente le Louvre où il remplit de nombreux carnets de croquis d’après les maîtres et copie plusieurs tableaux. Il continue à fréquenter Zola, qui le soutient dans ses efforts, intellectuellement, moralement et financièrement, fait aussi la connaissance de Pissarro et Guillaumin, puis de Bazille, Renoir, Monet, Sisley, Manet. Cézanne, à partir de 1863, propose régulièrement des peintures au jury du Salon: elles y seront toujours refusées, à une exception près, un portrait, exception d’ailleurs tardive, malgré ses efforts et les appuis dont il pouvait disposer. Il protestera même plusieurs fois officiellement, réclamant, sans suite, le rétablissement du Salon des refusés. Le jeune peintre n’a toutefois pas les mêmes problèmes d’argent que certains de ses amis, grâce à la pension paternelle. Celle-ci aurait pu être remise en cause après sa rencontre, en 1869, avec celle qui va devenir sa compagne, Hortense Fiquet. Son père désapprouverait sans doute cette liaison: Cézanne la lui cache donc, de même que plus tard la naissance d’un fils, Paul, en 1872, dont l’existence ne sera découverte, fortuitement, qu’en 1878. Cette situation bancale durera en fait jusqu’au mariage, en présence des parents, en 1886.

Le couple passe la guerre de 1870-1871 en Provence, puis revient s’établir à Paris. Chargé de famille, Cézanne, sur les instances de Pissarro, s’installe alors à Pontoise, puis à Auvers-sur-Oise (il y habite chez le docteur Gachet), où tous deux travaillent en commun. Il y exécute quelques estampes, mais se consacre surtout au paysage sur le motif, fortement marqué par l’exemple de Pissarro. C’est encore celui-ci qui obtient sa participation à la première exposition impressionniste, en 1874: ses œuvres y sont très mal reçues, et il refuse donc d’envoyer des toiles à la deuxième exposition, en 1876. Il ne s’y résout que pour la troisième, en 1877, où elles obtiennent encore un accueil très mitigé. Cézanne, dégoûté et meurtri, cesse alors toute participation. S’il reste très en marge du groupe impressionniste, il continue de travailler à Paris et dans les environs, tout en revenant régulièrement dans le Midi. Le milieu des années 1880 marque par ailleurs un tournant dans sa vie. Il a rompu avec Zola en 1886, lors de la parution de L’Œuvre, où il s’était reconnu dans le personnage du peintre avorté Claude Lantier. La mort de son père, la même année, le met en possession d’une fortune suffisante pour lui assurer définitivement son indépendance. Relativement à l’écart du mouvement artistique, gardant seulement quelques contacts, très distendus, avec ses anciens camarades impressionnistes, il travaille maintenant de plus en plus souvent et longuement en Provence.

Il avait fini par faire accepter un portrait au Salon, en 1882. Il s’agit cependant d’une exception, qui ne se renouvellera pas, et ses peintures ne seront que rarement montrées au public, en 1889 à l’Exposition universelle, en 1887 et 1890 avec le groupe des XX, à Bruxelles, avant l’événement que constitue la rétrospective chez Vollard en 1895. Cézanne est alors découvert: par ses anciens amis, qui ignoraient en fait beaucoup de son évolution récente, par quelques critiques qui le placent tout de suite au cœur du mouvement moderne en peinture, mais aussi par de jeunes artistes pour qui il est un point d’ancrage, une référence immédiate. Sa réputation ne cesse plus de grandir et de s’affirmer (Maurice Denis peint en 1900 L’Hommage à Cézanne aujourd’hui au musée d’Orsay), une position renforcée par de nouvelles expositions, chez Vollard en 1898, au Salon des indépendants puis au Salon d’automne (1899, 1904, 1905, 1906).

 Popularité tardive

c'est seulement un siècle après la première grande exposition que lui consacra son marchand, Ambroise Vollard, en 1895, et qui le révéla véritablement à ses contemporains, que La popularité de Cézanne devint aussi grande. Souvenons - nous de cette exposition qui s'est tenue à Paris au Grand Palais et à Londres en 1995. C'est le succès enfin reconnu.

Cette reconnaissance avait été longue à lui venir: elle fut d’abord le fait de jeunes peintres comme Émile Bernard ou Maurice Denis qui virent en lui un maître autant qu’un précurseur, puis de quelques rares critiques perspicaces, Gustave Geffroy, Thadée Natanson, Roger Marx, Rilke. Le rôle des amateurs est tout aussi essentiel, de son vivant comme après sa mort: Victor Chocquet,a à sa manière, a contribué à donner sa stature définitive à un peintre dont il posséda des ensembles exceptionnels.

Portrait de Caillebote par Cézanne

Portrait de Victor Choquet par Cézanne

Modeste fonctionnaire, Victor Chocquet, fut aussi le plus clairvoyant des amateurs; Il acheta l'un des premiers un Cézanne, une petite étude de Baigneuses que lui avait montrée Renoir pour l'inciter à s'intéresser à son confrère. « Mais, lit-on dans les souvenirs de Vollard, le plus difficile restait à faire pour M. Chocquet : introduire chez lui cette petite toile, car le collectionneur redoutait par-dessus tout le mécontentement de sa femme. Il convint donc avec Renoir que celui-ci apporterait le tableau, sous prétexte de le faire voir, et oublierait en s'en allant, de le ·reprendre, pour laisser à Mmee Chocquet le temps de s'y habituer. Ainsi fut fait. Renoir arriva avec la petite toile, Oh ! Que c'est curieux ! » s'écrie M. Chocquet en élevant un peu la voix pour attirer l'attention de sa femme. Puis, appelant celle-ci :" eh! Marie, regarde donc cette peinture que Renoir me faisait voir "mme Chacquet fit un compliment de circonstance et Renoir en s'en allant"oublia le tableau " comme convenu.

Lorsqu’il meurt, après avoir été surpris par un orage alors qu’il travaillait dans la campagne d’Aix, Cézanne est déjà devenu, pour quelques-uns des peintres de sa génération comme pour la relève qui s’annonce, une figure emblématique de la modernité.

. Il y a sans aucun doute beaucoup à méditer dans ces propos du peintre: “Dans ma pensée, on ne substitue pas au passé, on y ajoute seulement un nouveau chaînon.”

  Nicole, te souviens-tu de nos cours avec Françoise ? Elle disait qu'une peinture devait ressembler à  un "puzzle" . Dans les "pommes et oranges " de Cézanne, je viens  de saisir maintenant ce qu'elle voulait dire, car ce tableau est un vrai puzzle. Il n'est jamais trop tard pour comprendre !)

 

Paul Cézanne

1839-1906

 

La montagne Sainte Victoire

Musée de Tokio

Collection Barnes

Saint Pertersbourg

                                   

 

Une des plus célèbres peintures                                            

de Paul Cézanne : pommes et oranges (1895/1900)

 

 

 

Cézanne servira

de modèle à de

nombreux peintres

illustres ou moins

connus. Tous

tireront profit de

ses couleurs et de

ses compositions.

 

Les pommes rappellent

celles qui lui avait été

offertes par Emile Zola

qu'il avait défendu dans

la cours de récréation.

Un peu trop de sagesse dans le drapée, mais

belle approche des qualités du maître

 

   Ci dessus à la manière de Cézanne

<-Ci-contre variante de la table remplie

de pommes

 

 

 

 

 

 

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