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QUI CONNAIT CHAMPIN ?

 

Jean-Jacques Champin (1796-1860)

 

 

« Jean-Jacques Champin fait partie de ces petits maîtres qui reflètent l’art des grands et qui ont par là leur importance
car ils nous rendent sensible la grandeur de ceux-ci et leur puissance de rayonnement » (René Jullian).

 

Bois d’Aunay en face l’habitation Chateaubriand, par J.-J. Champin. Sépia. Coll. Société Chateaubriand.wpe4.jpg (860 octets)

Jean-Jacques Champin naît à Sceaux le 7 septembre 1796, dans une maison située 2, rue du Petit Chemin (aujourd’hui rue des Écoles), dont le jardin donne sur la rue Houdan. Issu d’une famille bourgeoise (son grand-père était lieutenant de baillage et de la baronnie de Sceaux), il doit son prénom à l’admiration de ses parents, Pierre Champin et Amélie Cauchois, pour Jean-Jacques Rousseau. Son père, écuyer fourier du logis du Roi, sera maire de Sceaux. Également graveur, il établira vers 1785 avec Cicille le plan des jardins de Sceaux-Penthièvre. C’est lui qui donna à son fils le goût des arts, de la précision et de la minutie.
Marié en premières noces à Céleste Biolay, qui lui donnera trois enfants : Antoine, Amélie et Adèle, Jean-Jacques Champin vit d’abord quelque temps en Bourgogne, en raison des problèmes de santé de son épouse. Puis le couple s’installe à Paris, en 1815. Très vite, Champin s’adonne à la lithographie, technique encore récente inventée par Senefelder en 1798 et vulgarisée par Engelmann. Sa première œuvre voit le jour en 1816 : L’Église de Sceaux et l’entrée du parc de Trévise.

Chemin de Fontenay-aux-Roses à Ceaux. Lithographie de G. Engelmann. Coll. Société Chateaubriand.

Sensible aux charmes de la nature, Champin choisit très vite d’orienter son art vers le paysage. Il fait son apprentissage auprès de Auguste-Jacques Régnier (1787-1860) et de Félix-Ferdinand-Marie Storelli (1778-1854). Régnier, apprécié par la duchesse de Berry, connut un certain renom en tant que peintre de paysage historique. Il travailla à la décoration du château de Fontainebleau et obtint une médaille de 2e classe au Salon (1819), puis une de 1e classe en 1828, avant d’être décoré de la Légion d’honneur (1837). Régnier était lui-même l’élève de Jean-Victor Bertin (1779-1842), qui fut aussi le professeur de Michallon, Cogniet et Corot. De son côté, Storelli, né à Turin et résidant en France depuis 1800, connut une très grande vogue dans le paysage au début du XIXe siècle. Membre de l’Académie de peinture de Parme, membre honoraire de l’Académie des Beaux-Arts de Paris, et membre de la Société libre des Beaux-Arts, il fut professeur de dessin de la duchesse de Berry. Il effectua plusieurs tableaux pour les galeries des châteaux royaux et exposa régulièrement au Salon de 1806 à 1851 (où il obtint une médaille de 1e classe en 1824). C’est lui qui décora la maison rustique du parc de Rosny, propriété de la duchesse de Berry.

Exposant au Salon dès 1819 (et ce jusqu’en 1859), Champin remporte en 1822 une médaille d’encouragement, puis une médaille d’or de 2e classe (1824) et enfin une médaille de 1e classe en 1831 (Vue d’une partie des Côtes de Provence prise des hauteurs qui dominent la ville de Nice, aquarelle). Ces récompenses lui permettent d’entreprendre des voyages, notamment à la Grande Chartreuse (1823)

et en Italie (1830). Il expose également au Palais du Luxembourg (1818 et 1830), fondé par les artistes vivants, aux Salons de Cambrai (1828), puis de Bordeaux (1839).

L’artiste s’adonne à de nombreuses techniques. Celui qui sera l’un des premiers à lithographier des œuvres de grandes dimensions et à lithographier ses propres œuvres (Paris historique, 1838), s’applique également à la chromolithographie (nombre de pierres égal à celui des couleurs), à la gravure sur bois, à la copie d’après daguerréotype, à la peinture à l’huile, l’aquarelle, le dessin à la mine de plomb, à l’encre de Chine ou à la sépia.

à Aunay (Seine), par J.-J. Champin. Sépia. Coll. Société Chateaubriand.wpe4.jpg (860 octets)

À l’époque s’opposent deux courants dans l’art du paysage : l’un empreint de réalisme et d’antiquomanie (influence des rationalistes), considérant le paysage davantage comme un décor aux événements représentés que comme un sujet à part entière (David) ; l’autre soucieux de rendre compte d’une nature brute et diverse, d’une beauté variable selon l’œil de l’artiste s’y posant. Une génération nouvelle naît : Corot (né en 1796), Flers (né en 1802), Louis Dupré (né en 1811), Daubigny (né en 1817)... Influencé par le romantisme sans céder à ses élans lyriques, Champin se libère des conventions. Il cherche avant tout à « rendre la vie » dans des compositions justes et sobres, mêlant ombres et lumières, faisant sentir au spectateur les reliefs et climats des lieux qu’il représente.

« On a raison de dire que la nature est toujours belle et que l’artiste qui parviendrait à en imiter fidèlement une partie quelconque aurait déjà un grand mérite ; mais l’on ne saurait trop se persuader que l’imitation vraie de la nature ne peut apparaître telle à nos yeux que par artifice, c’est-à-dire en saisissant et en développant avec art celles de ses parties qu’une grande expérience nous a appris à juger plus susceptibles de conduire à un bon résultat... Ici cesse l’emploi du simple copiste... Le véritable artiste doit s’attacher à étudier quels sont les objets dont la reproduction affecte plus sensiblement nos regards, les sites que nous offre la nature n’ont-ils pas leur langage, leur éloquence même ? Ici les ruines interrogent nos souvenirs ; ailleurs des forêts, des lacs, des hautes montagnes, de fougueux torrents n’impressionnent-ils pas fortement notre âme ? [...] » (J.-J. Champin).

Introduit dans le salon de l’Arsenal de Charles Nodier (qui administra la Bibliothèque de 1824 à 1844) – salon que fréquentèrent Musset, Hugo, Mérimée, Lamartine, Sainte-Beuve, David d’Angers, Devéria, Amaury Duval, Eugène Delacroix, Cailleux (directeur des Musées royaux), le baron Taylor, Gautier, Dumas, Nerval, Sophie et Delphine Gay, Marceline Desbordes-Valmore, Amable Tastu... –, Champin se montre un observateur discret de la société, mais désireux d’exprimer ses idées. En 1833, il demande à Nodier de rédiger une introduction pour un ouvrage qu’il prépare en collaboration avec Auguste Régnier :

 Nodier (Charles) Littérateur / Né en 1780 – mort en 1844. Lithographie de A. Collas, d’après un médaillon de David (1831). Coll. Maison de Chateaubriand.

Madme Récamier, à Aulnay près Paris. Lithographie de Champin, d’après Regnier. Coll. Société Chateaubriand.wpe4.jpg (860 octets)

Habitations des personnages les plus célèbres, depuis 1790 jusqu’à nos jours. Cet ouvrage rassemble 100 planches lithographiques parmi lesquelles on peut citer : Victor Hugo rue Notre-Dame-des-Champs ; le baron Gérard assis sur un fauteuil dans son jardin d’Auteuil ; Mlle Mars à Sceaux (à cheval) ; Charles Nodier à l’Arsenal ; Balzac à la fenêtre de sa maison, rue Cassini ; Mme Récamier à Aulnay. Pour ces vues, Champin crée une « lumière crépusculaire » accusant les contrastes et donnant ainsi aux lieux une dimension particulière, ou joue d’un effet de lune cher aux romantiques. La lithographie représentant Mme Récamier sortant de la Maison de Chateaubriand (appartenant alors à Sosthènes de La Rochefoucauld-Doudeauville) en compagnie d’un cavalier crée la controverse : qui est donc cet homme aux côtés de la « belle des belles » ? Chateaubriand en visite à la Vallée-aux-Loups ?...
Maison de M. de Chateaubriand / Rue d’Enfer, N° 34, à Paris. Lithographie de Sch[r]œder, d’après Regnier. Coll. Société Chateaubriand. Ces lithographies marquent le début de nombreuses illustrations de Paris par Champin : ainsi son Paris historique (Paris, F. G. Levrault, 1838, 2 vol.) – parmi les vues : Abbaye-aux-Bois, rue de Sèvres n° 16 et Maison de Chateaubriand, rue d’Enfer n° 84 – et les dessins qu’il crée pour les Promenades dans les rues de Paris de Charles Nodier, publiées en feuilleton dans L’Illustration. Dans le Tableau de Paris également, Champin rend compte des changements de physionomie de la capitale et du changement des goûts. Il illustre les nouvelles promenades des Parisiens (Champs-Élysées, Bois de Boulogne, boulevards, théâtres, gares) et rend compte de l’évolution urbaine. Il voit s’élever la chapelle expiatoire et assiste aux travaux du second Empire.
« Se rendre compte de la ligne d’horizon ; c’est une ligne idéale qui est censée passer sur toute la nature à hauteur de l’œil du spectateur. [...] dans le paysage [...], en plaçant un crayon horizontalement devant les yeux, il est facile de reconnaître par quels points de la nature passe la ligne d’horizon. Ceci une fois posé, on saura que toutes les lignes fuyantes, c’est-à-dire non parallèles à la base du dessin, devront monter vers la ligne d’horizon, si elles sont au-dessous, descendre vers elle si elles sont au-dessus » (J.-J. Champin).

Abbaye aux bois. Lithographie de Champin, d’après Regnier. Coll. Société Chateaubriand.

Mais Champin ne s’en tient pas aux vues de Paris. À la mort de Céleste (1835), il fonde un atelier rue des Pyramides, à Paris. Deux ans plus tard, il épouse Élisa Pitet, élève de Redouté, également originaire de Sceaux, qui donne naissance en 1840 à une petite Marie (qui épousera le peintre Émile Brunet). Le couple se rend à Sceaux chaque fin de semaine. Lié à la famille de Trévise, propriétaire du domaine de Sceaux, il vit avec peu d’argent mais reçoit la brillante société : David d’Angers (qui exécutera un médaillon de Champin en 1850, coll. Musée de l’Ile-de-France), Régnier, Ransonnette, les frères Johannot...

 Moulins sur les hauteurs de Fontenay-aux-Roses, par J.-J. Champin. Sépia et rehauts de gouache blanche. Coll. Société Chateaubriand.wpe4.jpg (860 octets)

Moulin de Fontenay, par J.-J. Champin. Dessin à la mine de plomb. Coll. Société Chateaubriand.

Glacière sur le Chemin de Sceaux à Aunay, par J.-J. Champin. Sépia. Coll. Société Chateaubriand.wpe4.jpg (860 octets)

« L’amateur doit reconnaître que la nature se plaît quelquefois à parer de plus de grâce et d’originalité certaines deses productions : une plante végétant près d’un roc ou s’adossant au pied d’un arbre peut devenir l’objet d’un détail intéressant » (J.-J. Champin).

Murs du parc Châteaubriand à Aulnay, par J.-J. Champin. Sépia. Coll. Société Chateaubriand.wpe4.jpg (860 octets)

Élisa excelle dans les peintures de fleurs, qu’elle réalise chez les Vilmorin, à Verrières. De son côté, Champin arpente Sceaux et les villages alentour : Aulnay, Châtenay, Plessis-Robinson, Fontenay-aux-Roses, Meudon, etc., mais aussi la Vallée de Chevreuse (Palaiseau, Massy, Orsay, Vauhallan)... En juin 1848, il dessine le Parc du Ménil à Savigny-sur-Orge. C’est de 1848 également que date l’album de 33 dessins et 10 sépias appartenant à la Société Chateaubriand.

« Tracer tout d’abord l’objet qui vous a frappé et qui par son aspect vous a déterminé à prendre le crayon ; donnez-lui sur le papier toute l’importance qu’il a sur l nature, par un trait énergique et bien senti, surtout dans les parties de ce même objet qui en constituent le caractère ; les autres plans devenant alors accessoires doivent être traités avec vérité, mais d’une touche subordonnée à l’intérêt principal. Vous ferez éprouver par ce moyen à un spectateur éclairé la même sensation que vous aurez sentie » (J.-J. Champin).

Toujours à la recherche de sites pittoresques, Champin profite de l’extension du chemin de fer pour voyager dans toute la France : Compiègne, Fontainebleau, Bourgogne (1824), Isère (Chartreuse, 1824, 1838), Pyrénées (1825), Savoie, Auvergne, Alpes, Orléanais (Méréville), Bretagne, Anjou, Alsace... Il arpente également la Suisse, l’Italie ou encore l’Amérique du Sud (en 1853-1854, il illustre le récit de l’expédition faite dans les parties centrales de l’Amérique du Sud par l’explorateur Francis de Castelnau).

Alliant à son désir de se perfectionner celui d’élever les autres et d’enseigner son art aux amateurs, il réalise dès 1839 des albums de voyage et prend une part active au lancement des guides, ainsi que des stations thermales, dont il fait la promotion indirecte dans les revues familiales pour lesquelles il devient illustrateur : le Magasin pittoresque, L’Illustration et La Mode. Témoin du monde qui l’entoure sans prendre de réel engagement politique, Champin réalise des dessins destinés à informer, guider et conseiller les lecteurs. Aussi ses gravures s’apparentent-elles à de véritables « reportages d’actualité » illustrant l’essor des villes, l’extension des chemins de fer, la multiplication des foyers industriels, les pénibles conditions de travail des classes ouvrières, la pauvreté... Soucieux des petites gens et des déshérités, Champin se montre sensible aux problèmes des colonies et à la réorganisation sociale proposée par les saint-simoniens. Sans adhérer toutefois au mouvement de l’école fouriériste qui prône les phalanstères, il est favorable au développement des avantages de l’industrie sociétaire.

Mu par un souci de sincérité, Champin n’illustre pas la révolution de 1848, cependant que bon nombre d’illustrateurs livrent des planches dont la valeur historique paraît contestable. Il s’intéresse davantage aux manifestations festives et restitue les événements sous un angle anecdotique, porteur d’espoir (suppression de la peine de mort, abolition de l’esclavage dans les colonies, proclamation du suffrage universel...). Il peint les barricades du faubourg Saint-Antoine et la révolte des quartiers populaires.

 à Chatenay. Potager de M. de la Faulotte, par J.-J. Champin. Dessin à la mine de plomb. Coll. Société Chateaubriand.

Parmi les dessins de Champin parus dans L’Illustration de 1835 à 1854, on peut citer : Le retour des cendres de Napoléon (5 juin 1840) ; Le Château de M. de Chateaubriand dans la Vallée au Loup (18 juillet 1844) ; ainsi que trois dessins pour la mort de Chateaubriand (4 juillet 1848), accompagnés d’une notice de M. Judicis : Maison natale : Hôtel de France à Saint-Malo ; – Résidence : Château de Combourg ; – Dernière demeure : tombeau sur l’île du Grand-Bé.

En août 1852, il fait paraître dans le Magasin pittoresque : Le châtaignier de Robinson, au bois d’Aulnay, transformé en guinguette.

À noter enfin que Champin exécuta quelques tableaux religieux (vers 1850-1852), dans lesquels il tenta avant tout d’humaniser la nature en l’associant à un thème tiré de la Bible – « aberration du paysage mystique », selon Alphonse Royer (Le Siècle, 28 avril 1852). Influencé par l’orientalisme, il peignit une Entrée du Christ à Jérusalem (n° 40 du catalogue de l’exposition tenue à Sceaux, 1988), dont une lithographie fut exposée au Salon de 1848.

Laissant derrière lui un précieux témoignage de la vie dans la première moitié du XIXe siècle, Champin meurt à Paris le 25 février 1860.

Aunay (Seine), par J.-J. Champin. Sépia. Coll. Société Chateaubriand.wpe4.jpg (860 octets)

« Les arbres, les rochers, les terrains doivent s’imprimer non pas comme on le fait souvent par un trait continu, mais par un cadencement de touches propres à en faire sentir tantôt les aspérités, tantôt les profondes cavités » (J.-J. Champin).

Outre les œuvres conservées à la Maison de Chateaubriand, on peut signaler également que le Musée de l’Ile-de-France (Sceaux) conserve dans ses collections une soixantaine d’œuvres de Champin, parmi lesquelles ont peut citer : Maison de Chateaubriand (estampe), L’ancienne gare de Sceaux et l’église (sépia, vers 1850), L’aboutissement de la ligne de Six à Denfert Rochereau (sépia, vers 1850), Kiosque dans le parc de Sceaux (crayon, gouache et sépia), Le Temple dans le parc de Méréville (sépia), Le parc Trévise à Sceaux (lavis de bistre sur papier).

 

Sources

Micheline Henry, Mémoire de l’École du Louvre : Jean-Jacques Champin (1796-1860), dessinateur, peintre, lithographe (1984). Ce mémoire a été (partiellement) publié dans le Bulletin des Amis de Sceaux, Société d’Histoire locale, numéro spécial 1988.

François Boucher, conservateur adjoint au Musée Carnavalet, « Jean-Jacques Champin (1796-1860) » (conférence faite aux Amis de Sceaux le 12 mai 1937), in Bulletin des Amis de Sceaux, 13e année, 1937, pp. 31-55 ; article suivi (pp. 56-82) d’une recension détaillée de l’« Œuvre de J.-J. Champin », par Pierre Hainglaise. [Bulletin consultable à la Maison de Chateaubriand – cote : Per 961 8.]

Reflets du XIXe siècle : Jean-Jacques Champin (1796-1860) : catalogue de l’exposition présentée à la Bibliothèque municipale de Sceaux du 18 mai au 15 juin 1988.

 


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