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Jean-Jacques Rousseau

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Jean-Jacques Rousseau
Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau (né le 28 juin 1712 et décédé le 2 juillet 1778)

 

est un écrivain et philosophe genevois d'expression française. Il est le fils d'Isaac Rousseau (1672 Genève - 1747 Nyon), horloger comme son père et son grand-père, et de Suzanne Bernard (1673 Genève - 1712 Genève), elle-même fille d'un horloger, Jacques Bernard.

Sa mère fut élevée à partir de neuf ans, à la mort de son père, par son oncle Samuel Bernard, pasteur protestant, que Jean-Jacques prit pour son grand-père. Elle meurt le 7 juillet 1712 à Genève, soit neuf jours après la naissance de Jean-Jacques.

 Sa famille, d'origine française, s'était exilée à Genève en 1549 à cause de la persécution religieuse.

 

Abandonné à 10 ans par son père, il connaît, livré à lui-même, une enfance, une éducation et des débuts difficiles. Il passe deux années chez le pasteur Lambercier à Bossey (au pied du Salève au sud de Genève) (1722 - 1724). Son oncle le place comme apprenti chez un greffier, puis en 1725 chez un maître graveur. Son père se remarie en 1726.

 

Jean-Jacques quitte la Genève protestante à seize ans en 1728. C'est le curé de Confignon, Benoît de Pontverre, qui l'adresse à une catholique récemment convertie d'Annecy, Madame la baronne de Warens. Celle-ci l'envoie à Turin où il se convertit au catholicisme le 23 avril. L'année suivante, il retourne chez celle qu'il appelle « Maman », dans « une petite maison au penchant d'un vallon », près de Chambéry, que Les Confessions ont rendue célèbre : « les Charmettes ».

 

 

 

 

  • En 1730, il voyage à pied jusqu'à Neuchâtel, où il enseigne la musique.
  • En 1732, il revient à Chambéry, où il est maître de musique et séjournera pendant près de dix ans.
  • En 1734 il devient l'intendant de Mme de Warens, qui sera plus tard sa maîtresse.
  • C'est chez elle qu'il écrit, en 1739, son premier livre, Le verger de Madame la baronne de Warens. Il apprécie la ville : « S'il est une petite ville au monde où l'on goûte la douceur de la vie dans un commerce agréable et sûr, c'est Chambéry. »
  • En 1745, il rencontre Thérèse Levasseur, modeste servante d'auberge, avec qui il se met en ménage. Les cinq enfants qu'elle lui donnera seront confiés aux Enfants-Trouvés, l'Assistance publique de l'époque ; décision qui lui sera reprochée bien plus tard, lorsqu'il se sera posé en pédagogue dans son livre Émile.
  • En 1747, son père Isaac Rousseau meurt.
  • Il peut rentrer à Paris en 1770, à la veille de la chute de Choiseul dont il a condamné la politique d'annexion de la Corse. Il se tourne également contre la politique russe de démantèlement de la Pologne, alors que la plupart des philosophes soutiennent Catherine II.

C'est à cette période que Rousseau commence son œuvre autobiographique.

  • En 1778, le marquis de Girardin lui offre l'hospitalité dans un pavillon de son domaine d'Ermenonville, près de Paris : il y meurt subitement le 2 juillet 1778 de ce qui semble être une crise d'apoplexie.
  • Le lendemain de sa mort, le sculpteur Houdon prend le moulage de son masque mortuaire. Le 4 juillet, Girardin fait inhumer le corps dans l'île des Peupliers, dans la propriété où, à partir de 1780, s'élèvera le monument funéraire dessiné par Hubert Robert et exécuté par J.-P. Lesueur. Le philosophe est rapidement l'objet d'un culte et sa tombe est assidûment visitée. Les révolutionnaires le portent ensuite aux nues et la Convention demande son transfert au Panthéon.
  • L'hommage solennel de la nation française a lieu le 11 octobre 1793 : dans une grandiose cérémonie, les cendres de Jean-Jacques Rousseau sont transférées d'Ermenonville au Panthéon. Jean-Jacques Rousseau devient officiellement l'une des gloires de la nation française.
Portait de Jean-Jacques Rousseau en 1766, par Allan Ramsay
Portait de Jean-Jacques Rousseau en 1766, par Allan Ramsay

Sommaire

La « vérité » de Jean-Jacques [modifier]

Rousseau s'inscrit contre la filiation nobiliaire et réveille cette inconnue de la « vieille » littérature : la sensibilité. Une sensibilité fondatrice de droits et de devoirs. Mais son influence trouvera sa pleine expression avec la Révolution française : le penseur politique en devient l'un des pères spirituels et tous se réclament de lui. Les révolutionnaires, d'un extrême à l'autre prétendirent « ne marcher que le Contrat social à la main ». Paradoxalement, les théoriciens de la contre-révolution (Joseph de Maistre, Louis-Gabriel de Bonald), se réclamèrent eux-aussi de Rousseau. Cela suffit à donner une idée de la diversité de l'héritage rousseauiste.

La différence majeure entre son œuvre et d'autres « vérités » publiées se trouve peut être dans le parti pris affiché et, chez lui, évident (sa devise Vitam impendere vero (Juvénal, satire IV, 91), ou "Consacrer sa vie à la vérité" selon sa propre traduction, en fait foi), de considérer la notion de vérité comme objet de recherche supérieur à toute autre valeur et même à sa propre réputation ou son propre honneur. On peut, par certains côtés, considérer la totalité de l'œuvre de Rousseau comme une immense lettre morale adressée à ses contemporains d'abord, mais aussi à l'humanité entière (et sinon éternelle, du moins pour quelques siècles après lui). L'état actuel de sa diffusion en librairie, le nombre des thèses qui lui sont consacrées, à lui et à son œuvre, tout comme les traductions en de multiples langues semblent confirmer le caractère fondamental de ces « essais de vérité » écrits par un passionné, un grand initié qui s'est risqué à descendre et à œuvrer pour ce monde émotionnel que les hommes maitrisent le moins. Il « parlait peuple, pour les peuples », avant la lettre et, ce, avec autant d'intelligence que d'instinct, c'est-à-dire de cœur, sans être ni tribun ni orgueilleux, semblant tout de même ne pas ignorer qu'à sa façon il était (et peut-être resterait) l'un des grands instructeurs de l'humanité.

La Nature

Définition :Tous les philosophes du XVIIIe siècle se réfèrent à la Nature. Souvent, c'est au sens d'une physique. Chez Rousseau, la définition de ce mot de « nature » est peu évidente : celui-ci peut désigner aussi bien le monde physique que les dispositions innées de l’homme, la conscience morale (la « voix de la nature ») ou, plus simplement, la campagne verdoyante.

Cette pluralité de sens n’empêche pas, cependant, de produire une définition plus précise. La nature, c'est avant tout ce que l'on oppose à la culture (l’art, la technique, la loi, l’institution, la société, l’arbitraire). Rousseau est peut-être le premier à faire de cette distinction un outil méthodologique (repris notamment par Claude Lévi-Strauss, rousseauiste fervent).

L'idée de nature est aussi, chez Rousseau, celle d'une «transparence » originelle : la nature, c'est ce qui est vrai, ce avec quoi nous avons un rapport im-médiat (sans médiation), et qui nous rappelle à notre origine — c'est en ce sens que l'on peut parler, pour désigner la conscience morale, de la « voix de la nature » : « sois juste et tu seras heureux », « je ne tire point ces principes de la haute philosophie, mais je les trouve au fond de mon cœur écrites par la nature en caractères ineffaçables » (Emile, IV). La nature est un principe d’ordre, de simplicité et d'authenticité. À l’opposé, le vice (désordre, mensonge, luxe, violence) procède de la société et de la culture, de l'inscription de l'individu dans des rapports artificiels : « Posons pour maxime que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits : il n'y a point de perversité originelle dans le cœur humain. Il ne s'y trouve pas un seul vice dont on ne puisse dire comment et par où il est entré » (Emile, II).

L'état de nature selon Rousseau Voir l’article État de nature.

Outre les fragments intitulés L'état de guerre, deux textes principaux — qui diffèrent parfois quelque peu — décrivent l'état de nature tel que conçu par Rousseau : l'Essai sur l'origine des langues et le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.

Ce qui caractérise l'homme nu dans l’état de nature, c'est un parfait équilibre entre ses désirs et les ressources dont il dispose. Car l'homme naturel est d’abord un être de sensations, et de sensations seulement. « Plus on médite sur ce sujet, plus la distance des pures sensations aux plus simples connaissances s'agrandit à nos regards ; et il est impossible de concevoir comment un homme aurait pu, par ses seules forces, franchir un si grand intervalle ».

L'homme naturel ne désire que ce qui se trouve dans son milieu de vie immédiat. Car il ne pense pas. Ces choses sont les seules qu'il puisse se « représenter ». Les désirs de l’homme naturel coïncident parfaitement avec les désirs de son corps. « Ses désirs ne passent pas ses besoins physiques, les seuls biens qu'il connaisse dans l'univers sont la nourriture, une femelle, et du repos ».

Être de pures et seules sensations, l’homme naturel ne peut anticiper l'avenir, ni se représenter des choses au-delà du présent. Autrement dit, la nature en lui correspond parfaitement à celle en dehors. Dans l'Essai, Rousseau suggère que l’homme naturel n’est pas même capable de distinguer un semblable dans un autre être humain. Car cette distinction requiert des facultés d'abstraction qui lui manquent. L’homme naturel ignore ce qu’il y a de commun entre lui et l’autre être humain. Pour l’homme naturel, l'humanité s'arrête au petit cercle d'individus avec lesquels il est en rapport immédiat. « Ils avaient l'idée d'un père, d'un fils, d'un frère, et non pas d'un homme. Leur cabane contenait tous leurs semblables... Hors eux et leur famille l'univers ne leur était rien ». (Essai, IX) La pitié ne pouvait s'exercer activement que dans le petit milieu de la horde. Mais de cette ignorance ne résulterait pas la guerre. Car les hommes naturels ne se rencontraient virtuellement pas les uns les autres. Les hommes, si l'on veut, s'attaquaient dans leurs rencontres ; mais ils se rencontraient rarement : « Partout régnait l'état de guerre, et la terre était en paix ».

Par là, Rousseau prend le contre pied de la théorie hobbesienne de l'état de nature. L'homme naturel de Rousseau n'est pas un « loup » pour ses semblables. Mais il n’est pas non plus porté à s'unir à eux par des liens durables et à former avec eux des sociétés. Il n'en ressent pas le désir. Ses désirs sont satisfaits par la nature. Et son intelligence, réduite aux seules sensations, ne peut même pas se faire une idée de ce que serait une telle association. L’homme naturel n'a que l'instinct, et cet instinct lui suffit. Cet instinct est individualiste ; il ne l'induit aucunement à la vie sociale. Pour vivre en société, il faut la raison à l’homme naturel. La raison, pour Rousseau, est l'instrument qui adapte l’homme nu à un milieu social, habillé. De même que l'instinct est l'instrument d'adaptation de l’homme à son milieu naturel, la raison est un instrument d’adaptation de l’homme à un milieu social, juridique. Or cette raison, il ne l'a qu'en puissance, de même que la vie sociale est présente en puissance dans la vie naturelle : la raison, l'imagination qui permet de se représenter un autre homme comme mon alter-ego (c'est-à-dire comme un être à la fois même que moi et autre que moi), le langage, et la société, tout ce qui constitue la culture, apparaissent ensemble, et ne sont pas véritablement actifs à l'état de nature. Mais l'homme naturel, en tant qu'il est perfectible, possède déjà, virtuellement, toutes ces facultés. Il est asocial, mais non associable : « Il n'est pas réfractaire à la société ; mais il n'y est pas enclin. Il a en lui les germes qui, développés, deviendront les vertus sociales, les inclinations sociales ; mais ils ne sont que des puissances. La perfectibilité, les vertus sociales et les autres facultés que l'homme naturel avait reçues en puissance ne pouvaient jamais se développer d'elles-mêmes » (Second Discours, première partie). L'homme est sociable avant même de se socialiser. Il y a en lui un potentiel de socialité que seul le contact avec certaines forces hostiles de l’extérieur peut actualiser. « Des années stériles, des hivers longs et rudes, des étés brûlants qui consument tout, exigèrent d'eux une nouvelle industrie » (Essai). Tant qu’elles ne changent pas, les conditions de l’homme naturel produisent un équilibre parfait entre lui et son milieu de vie. Mais les choses changent et les conditions de cet équilibre naturel aussi…

Rousseau botanisteRousseau découvre tardivement la botanique, puis la délaisse pour copier des pages de musique ou écrire ses livres avant d'y revenir vers 65 ans, car il préfère herboriser, ce qui le détend, plutôt que réfléchir, ce qui le fatigue et l'attriste, écrit-il dans la septième rêveries du promeneur solitaire. Pourtant ses Lettres sur la botanique lui permettent de continuer une réflexion sur la culture, au sens large, commencée dans l'Émile, son traité d'éducation, et son roman, la Nouvelle Héloïse, où il s'interroge sur l'art du jardin.

L’homme, cet être dénaturé, sans instinct, ne peut contempler la nature qu’une fois qu’il l’a rendue habitable et donc cultivée, dénaturée, « contournée à sa mode » en « campagne riante » car, dans les endroits ou les hommes peuvent vivre, elle n’est souvent que du mauvais pays, de la broussaille, du terrain vague. Ce n’est en général que dans des endroits rares et inaccessibles à l’homme qu’elle cache « ces lieux si peu connus et si dignes d’être admirés... La nature semble vouloir dérober aux yeux des hommes ses vrais attraits auxquels ils sont trop peu sensibles, et qu’ils défigurent... Ceux qui l’aiment et ne peuvent l’aller chercher si loin sont réduits à lui faire violence, à la forcer en quelque sorte à venir habiter avec eux, et tout cela ne peut se faire sans un peu d’illusion » continue Rousseau dans son roman où il décrit comment Julie a installé au fond de son verger un jardin secret, joignant l’agréable à l’utile de manière à en faire un lieu de promenade qui ressemble à la pure nature : « il est vrai, dit-elle que la nature a tout fait, mais sous ma direction, et il n’y a rien là que je n’ai ordonné ».

Rousseau décrit le jardin de l’homme de goût, conciliant à la fois l’humaniste et le botaniste, comme un lieu utile et plaisant où sont rassemblés sans artifice visible, ni à la française, ni à l’anglaise : l’eau, la verdure, l’ombre et la fraîcheur, comme sait le faire la nature, sans user de la symétrie ni aligner les allées et les bordures. L’homme de goût « ne s’inquiétera point de se percer au loin de belles perspectives : le goût des points de vue et des lointains vient du penchant qu’ont la plupart des hommes à ne se plaire qu’où ils ne sont pas. »

Le travail de greffe et de bouturage ne sert pas à dévoiler la nature derrière la nature, mais, avant qu’elle ne devienne invivable, à la rendre habitable en bien ou en mal, ce dont l’extension catastrophique de notre civilisation urbaine est une des conséquences mais pas forcément un destin. Et si le travail du verger et des champs est une nécessité pour l’homme, le jardin de « l’homme de goût » aura pour fonction de lui permettre de se dépayser, de se délasser des moments d’effort. Pour Rousseau, mélodie [voir le chapitre suivant] et jardin sont de l’ordre de l’humain, de la perfectibilité, de l’imagination et des passions simples. Il partage avec la musique une temporalité mélodique, celle aussi du processus éducatif qui permet aux hommes d’espérer devenir « tout ce qu’ils peuvent être » puisque la nature n’y saurait suffire.

La musique

Un musicien mineur Vocation contrariée de Rousseau, qui fut un musicien mineur. Il fut initié par Mme De Warens, puis en vécut médiocrement durant son séjour à Paris. Rousseau est l'auteur d'un Opéra, Le Devin du village (1752) qui fut célébré par le roi. En conséquence, ce dernier proposera d'offrir une bourse à Jean-Jacques mais celui-ci la refusa ; Diderot insista pour que Rousseau l'accepte et ceci est à l'origine de leur querelle.

En réalité, dans le deuxième Dialogue, Rousseau énumère un acte de Daphnis et Chloé, une seconde musique du Devin du Village, plus de cent morceaux de divers genre, six mille pages copiées de musique de harpe, de clavecin ou solo et concerto de violon, travail de copiste sur six ans qui lui permit de vivre. Sans oublier non plus le Dictionnaire de musique édité en 1767, et très prisé des musiciens européens de l'époque, où Rousseau reprenait et actualisait les dizaines d'articles écrits pour l'Encyclopédie . Très influencé d'abord par les écrits harmoniques de Rameau, il était devenu très critique, depuis la Querelle des Bouffons (voir sa Lettre sur la musique française en 1752), à l'égard de l'harmonie.

Un théoricien essentiel On retrouve toute cette problématique philosophique entre harmonie et mélodie développée dans l'Essai sur l'origine des langues (sous-titré où il est parlé de la mélodie et de l'imitation musicale). La mélodie pour lui prime en musique, car elle permet l'humanisation du naturel en l'homme, alors qu'il dénie à l'harmonie toute valeur d'émotion. La mélodie n'est que la transcription des passions humaines qu'expriment par leur chant les hommes, définis spécifiquement par leur perfectibilité, c'est à dire leur capacité à évoluer, à acquérir et développer toutes leurs faculté et leur imagination, en improvisant leur histoire dans une temporalité non préétablie par une quelconque harmonie plus ou moins pythagoricienne. C'est sans doute « la faute à Rousseau » si la musique et la chanson populaires ont continué et renouvelé une tradition mêlant poésie et chant qui aurait été à l'origine des langues dans une improvisation qui n'est qu'une conséquence du développement de la perfectibilité et de l'imagination propre au paradigme de l'humain et de la mélodie.

Voir Musique, philosophie et littérature chez Rousseau (suivi d'un entretien avec le musicien Rousseau) sur Musicologie.org: http://www.musicologie.org/publirem/lambert_rousseau.html

L'amour et la haine chez RousseauIl est incontestable que Rousseau a fait souffler un vent révolutionnaire sur les idées d'amour et de haine : cette considération accordée à la sexualité comme une expérience fondamentale dans la vie d'un être humain, la prise de conscience de l'importance des sentiments d'amour et de haine dans la construction de la société humaine et dans son développement et enfin, cette ouverture sur le débat moderne avec le sujet amoureux partagé entre l'amour conjugal et l'amour passion.

Emile ou de l'Education ou La nécessité d'éduquer au sentiment amoureux [modifier]

L'Emile ou de l'Education est un ouvrage à l'usage des maîtres, précepteurs ou mères de famille qui explique la nature de l'enfant et l'éducation qu'il faut en faire découler pour bien le faire grandir, en gardant à l'esprit qu'il suffit de « comprendre [la] nature » de l'enfant pour qu'il grandisse le mieux possible. Rousseau, dans sa préface, prend soin d'écarter les critiques qu'on pourrait lui faire ; pour légitimer son oeuvre, il dit avoir suivi et observé la nature : sa démarche est volontiers empiriste. Ce que l'on peut déjà noter, c'est cette importance accordée à la « nature », en opposition à la « culture ».

Chez l'enfant, l'Amour est un certain instinct de conservation : on aime ceux qui veulent notre bien, et on s'écarte de ceux qui veulent notre mal. Cette connaissance de ce qui est bon ou mauvais pour nous nous vient de l'expérience. La haine n'est pas véritable, car il ne s'agit pas de « vouloir du mal » à ceux qui nous en veulent, mais à s'en écarter. Ce qui est bon, dans la tête de l'enfant, c'est ce qui peut lui permettre de se conserver, ce qui peut lui permettre de « sur-vivre » si l'on pousse le trait à son paroxysme. Cet instinct, c'est l' « amour de soi ». L'on s'aime, donc l'on veut son propre bien ; par extension, on aime les gens qui veulent nous faire du bien, et réciproquement, on cherche à leur faire du bien. On peut dégager un certain concept d'Egocentrisme, mais il faut savoir qu'il n'y aura aucune péjoration à l'utilisation de ce terme puisque finalement, l'on ne nuit pas aux autres avec un tel comportement, puisque le seul rapport avec autrui concerne ce qu'ils peuvent nous apporter, et non pas ce qu'ils sont. On ne peut pas vraiment parler d'amour ici, puisqu'il est ici un vulgaire instinct de conservation.

Avec l'adolescence naît l'amour physique. Advient la puberté, l'enfant devient adolescent. Puisqu'il y a changement physique, puisque la voix mue, puisque les épaules s'élargissent, et que les poils apparaîssent un peu partout, l'enfant ne peut que se voir différemment. Pour savoir s'il a bien évolué, il se compare aux autres. Il ne se voit plus lui-même, mais il se voit à travers le regard des autres. L'amour de soi devient amour-propre ; le rapport à soi devient rapport à soi par l'intermédiaire de l'idée qu'on se fait du regard que les autres portent sur nous. Puisqu'on ne se voit plus directement, l'on ne sait plus vraiment quels sont nos vrais besoins, alors l'on se trompe d'objets et l'on se met à l'écart de beaucoup de choses qui seraient naturellement bonnes pour nous. Notre champ de relations s'est considérablement étendu puisque, naturellement, on cherche à se voir aux yeux du plus grand nombre de personnes possible. On a donc beaucoup plus de contacts, de là naissent la jalousie et le mensonge car il s'agit de se faire aimer des autres. On voit aussi les besoins des autres et on essaie sur nous, donc d'un coup, on a beaucoup plus de besoins. Pour plaire aux autres, il faut concurrencer ceux qui leur plaisent aussi. De là naît le sentiment de haine. Il s'agit en effet d'écarter nos rivaux. Enfin, puisque l'on se compare aux autres, la vanité, l'orgueil et la jalousie sont constituants de nos relations avec autrui.

L'amour qui concerne l'individu à ce stade de la vie est un amour physique. C'est purement sexuel, purement physique. On ne choisit pas quelqu'un, on choisit un corps. On ne préfère rien car les corps sont sensiblement tous les mêmes. « Toute femme est bonne ». Enfin, quand on a essayé beaucoup de personnes et qu'on a enfin pu comparer, on fait un choix. Mais vient toujours la difficulté de garder la bien-aimée : pour ne pas la perdre, il faut rivaliser avec les autres ; pour être bien aimé, il faut aimer bien, il y a donc une certaine forme de lutte pour conserver l'amour ; et enfin, l'amour est tellement agréable qu'on cherche à être aimé par d'autres personnes : de là, la jalousie et la destruction du couple.

« le penchant de l'instinct est indeterminé, un sexe est attiré vers l'autre, voilà le mouvement de la nature ».

On sent donc qu'un amour vrai est un amour conduit, éduqué, avec un « tuteur ». Rousseau parle de l'homme comme d'une plante dans sa préface : « On façonne les plantes par la culture et les hommes par l'éducation ».

La société comme moyen de faire surgir l'amour moral au détriment de l'amour physique grâce au langage [modifier]

Il y a deux sortes d'amour : l'amour physique et l'amour moral. L'amour physique ne choisit pas, il ne préfère rien. Soit que le sauvage prenne la première femme qui passe, n'ayant aucune raison d'en attendre une autre car « toute femme est bonne pour lui » ; soit que le frère prenne sa soeur parce qu'il n'a finalement aucune raison d'aller chercher plus loin, ayant sa soeur sous la main. Au contraire, l'amour moral porte sur l'individu et procède d'un choix. Si les principes de ce choix sont plus ou moins obscurs, c'est parce que nous voyons moins clair que l'amour lui-même, mais les conséquences sont claires : « excepté l'objet aimé, un sexe n'est rien pour l'autre ». De sorte que, par le choix, l'amour devient le contraire de l'instinct. L'amour est lié au langage, en tout cas, le langage est à l'origine du sentiment amoureux. L'amour a besoin de la société des hommes pour remplacer l'instinct ; en d'autres termes, il existe un discours social qui circule sur les femmes et propose des modèles, des idéaux amoureux qui tirent l'amour du simple instinct. On pense à Sophie, la femme d'Emile ; Emile, grâce ou à cause de la société, à chercher un idéal, une Sophie, une personne qui est sage.

La société ne produit pas que l'amour ; elle favorise aussi la haine. La moindre opposition devant l'amour devient une « fureur impétueuse » : la plus douce des passions peut vite devenir un bain de sang, ajoute Rousseau.

La dimension sexuelle est donc primordiale mais il faut qu'elle cesse pour que le véritable amour puisse surgir. D'où une opposition à faire entre l'amour moral et l'amour purement physique.

L'amour et la haine ne sont donc pas vraiment de même nature parce que l'amour précède la haine.

Autres types d'amour L'inceste : Rousseau suppose que dans les premiers temps, il y a dû y avoir des rapports consanguins et que de toute façon, quand les enfants se séparent, puis quand ils se retrouvent, ils ne savent pas forcément qu'ils sont frères et soeurs. En théorie, donc, ça s'est fait et ça ne pose pas de gros problèmes à Rousseau. Emile, lui, échappe à cela, puisque Rousseau n'évoque pas cette question. Dans la Nouvelle Héloïse, on parle de cousins éléves ensemble et, après la première nuit d'amour entre Saint-Preux et Julie, Saint-Preux la surnomme « ma soeur ». La vie de Rousseau dessine ce fantasme de l'inceste : Rousseau appelle son épouse, Thérèse Levasseur, « ma tante ». Il a même écrit qu'il aurait aimé être son fils, et qu'elle soit sa mère. Puis, le père et la mère de Rousseau furent élevés ensemble. L'inceste chez Rousseau est de l'ordre du fantasme, et ça ne semble pas le déranger.

L'homosexualité : Rousseau n'en parle pas expréssement, il en fait allusion. Il abhorre l'homosexualité masculine et se moque des hommes « effeminés qu'il voit tous comme des couturiers ou des perruquiers. Rousseau évoque même des attouchements qu'il a subis, des avances que lui ont faites des hommes : « La plus laide des guenons devenait à mes yeux un objet adorable par le souvenir de ce faux africain ». Quant à l'homosexualité féminine, il semble y trouver un certain esthétisme ; on pense à la scène où il dépeint Claire qui écrit à sa cousine Julie et dit « n'aimer parfaitement qu'elle » : « Quelle extase de voir deux beautés si touchantes s'embrasser tendrement, le visage de l'une se pencher sur le sein de l'autre... Rien sur la terre n'est capable d'exciter un si voluptueux atttendrissement que vos mutuelles caresses, et le spectacle de deux amants eût offert à mes yeux une sensation moins délicieuse ». Il faut donc bien comprendre que l'homosexualité n'est pas recommandée à Emile. L'homosexualité fémine n'est pas approuvée mais vue comme esthétique : peut-être un fantasme de Rousseau. On voit donc ici que l'inceste et l'homosexualité sont donc considérées ; elles ne sont pas oubliées même s'il semble que l'amour entre deux hommes soit contre-nature, ou en tout cas, pas recommandable. Rousseau est dégoûté par l'homosexualité masculine. Et le dégoût est une forme de haine qui va permettre à l'amour de surgir. La préférence, le goût ne suffit pas à tirer le sentiment amoureux de son enracinement instinctif : la préférence n'a pas assez de force pour remplacer l'instinct. Il faut un sentiment négatif qui vienne enterrer l'instinct. : c'est le dégoût, qui est une sorte de haine. L'amour et la haine semblent ici complétementaires dans le sens où ils sont unis pour repousser ce qui est instinctif dans l'amour.

Rousseau, clivage entre deux conceptions de l'amour et père du conflit moderne La Nouvelle Héloïse pose l'opposition entre l'amour et le mariage. C'est le thème central. On le retrouve dans beaucoup d'oeuvres de l'époque mais ce qui distingue Rousseau de ses contemporains, c'est sa façon de traiter du sujet et la réponse qu'il donne. L'opposition entre amour et mariage par de l'opposition entre le sentiment libre et le sentiment encadré, le besoin individuel et l'institution sociale, entre la passion et la loi. On retrouve cette thématique chez Shakespeare dans son Roméo et Juliette et la fin tragique avec le suicide des deux amants. Différence entre l'amour et l'exaltation de l'instant et le mariage qui représente la loi, la durée et les institutions (la famille dans le cas de Roméo et de Juliette). Dans le cas de Rousseau, il y a impossible conciliation entre l'amour passion et l'amour conjugual car ces deux formes de sentiment renvoiient à deux Moi : l'un qui vise l'autoconservation, l'autre qui vise l'expression du désir et la dépense du soi. On a donc un Moi qui veut se conserver, qui suppose que le bonheur est dans la constance et la tranquilité de l'âme. Il y a enfin l'autre qui pose le bonheur comme impossible dans la durée ; il faut donc saisir le moment : « Gather the rosebud while we may / Old time's still flying / And that same flower that smiles today / Tomorrow'll be dying », célèbres vers du poème « Carpe Diem ». La sauvegarde de soi, c'est avant tout la sauvegarde de l'univers collectif et social. La dépense de soi, c'est l'adhésion aux pulsions individuelles. Ce choix entre amour et mariage est impossible à faire puisque choisir l'un, c'est regretter de ne pas avoir choisi l'autre ; le fait que ce choix soit strictement impossible vient du fait que les valeurs sont incompatibles et que choisir l'un ou l'autre pose moralement des problèmes. Comment expliquer à une famille de haut rang qu'on préfère un amour indigne à un mariage gage de dignité ? Comment expliquer à son amant qu'on préfère une raison aux passions, qu'on préfère une reconnaissance sociale à un amour ? Rousseau illustre donc la pathologie amoureuse comme impossibilité de choisir. On ne peut premièrement pas choisir quel amour l'on veut car le choix sera regretté. L'on ne peut pas non plus choisir de rester dans l'incertitude car celle-ci fait souffrir. Finalement, Julie préfèrera le mariage avec Wolmar et aura la « nostalgie du désir », regrettant son choix. La nostalgie, c'est à dire l'impression qu'elle aurait du faire l'autre choix. L'hypothèse de l'impossibilité du choix se confirme. Ce qu'il y a aussi de remarquable chez Rousseau, c'est qu'en ayant vu cette contradiction, cette ambivalence entre deux Moi, il a dépassé la thématique de l'amour courtois tout en ouvrant le champ aux Romantiques. L'amour courtois considère le mariage comme le lieu du devoir et de la loi. L'institution est incompatible avec l'amour. Il y a donc un véritable appel à l'adultère, qui n'est pas blâmable dans le sens où, celui qui trompe son concubin peut le faire pour quelqu'un qu'il aime. L'amour est une véritable vertu et il doit être libéré de l'institution car l'émancipation de l'amour, c'est l'émancipation du désir. Il y a une fidélité à la passion plutôt qu'aux « liens sacrés du mariage ». Pour le courtois, il faut préférer la vitalité de la passion à l'amorphisme qui caractérise l'union matrimoniale. Dans La Nouvelle Héloïse, Julie refuse le chaotisme de la passion, et elle refuse en même temps le mariage avec celui avec qui elle est passionné : car la passion s'y perdrait nécessairement. Il y a rupture avec la tradition de l'amour courtois car Julie VEUT goûter à la passion mais elle le refuse car elle ne supporte pas le fait qu'elle soit faible devant la passion. Elle réalise qu'elle ne peut rien contre le pulsionnel alors elle décide de ne pas l'attiser. Julie choisit donc le mariage comme conservation de soi : c'est l'agapé chrétienne qui l'emporte sur l'eros. C'est la deuxième rupture avec l'amour courtois : le conjugual bloque l'affectif : l'amour passion doit laisser la place à l'amour tendresse. Le désir n'est pas dépassé , il est refoulé. Julie a conscience qu'elle ne peut pas dompter la passion alors elle la repousse et se refuse à la combattre, elle tente plutôt de l'ignorer. Le Romantisme, quant à lui, considère qu'il est possible de concilier amour conjugual et amour passion. L'amour Romantique, c'est la fusion entre le sensible et le spirituel, c'est une aspiration à l'infini et la possibilité d'assouvir cette aspiration dals la finitude grâce au rapport avec une femme réelle. La passion est ici dépassée, elle n'est plus négative et elle ne mène plus à l'adultère. Il y a donc chez les romantiques, une possibilité de concilier désir et passion, par le mariage, mais aussi par la mort comme accomplissement et union éternelle des amants, union extra-temporelle. On a cela chez Novalis, Hölderlin ou encore chez le Tristan et Iseut de Richard Wagner. Pour Rousseau, il est impossible de concilier eros et agapé. La philosophie rousseauiste de l'amour est donc le clivage, le dépassement de l'amour courtois et la voie ouverte aux romantiques. On retrouve cette thématique rousseauiste chez des auteurs comme Proust (la passion est l'aliénation de soi) et chez Sartre où l'amour est une « unité heureuse » qui marque la fin de l'individualité.

La politique [modifier]

Les sources de la pensée politique de Rousseau [modifier]

Elles sont nombreuses et se construisent en critiquant et en s'inspirant de Lucrèce, de Hobbes, de Locke, des théoriciens du droit naturel (Hugo Grotius, Pufendorf), de Montesquieu. Il s'est aussi opposé aux Physiocrates, les premiers économistes français, partisans d'un despotisme éclairé au service d'un libéralisme économique fondé sur la plus-value foncière (physio-cratie = "pouvoir de la terre"). On garde de lui quelques lettres échangées avec Mirabeau père, l'auteur de l'Ami des Hommes. Dès le Discours sur les sciences et les arts, Rousseau affirme son originalité en réfutant la thèse de la sociabilité naturelle de l'homme et en affirmant sa bonté naturelle. La première position le rapproche de Hobbes, qui voyait dans l'homme naturel un être isolé et cherchant avant tout à contenter ses besoins. Mais par la seconde, il se détache du penseur anglais, puisque celui-ci affirmait que l'« homme est un loup pour l'homme » (homo homini lupus est). Considérant l'agressivité naturelle de l'homme, Hobbes, profondément choqué par la guerre civile et les troubles religieux anglais du XVIIe siècle, réclamait un pouvoir royal absolu confisquant la violence individuelle au profit de l'État ; enthousiasmé par la bonté naturelle, Rousseau, lui, considère que le pouvoir doit venir des individus eux-mêmes. Selon Hobbes, l'homme est mauvais en soi ; selon Rousseau, c'est la société, c'est-à-dire le désir de posséder, de dominer et de paraître, qui a corrompu l'homme.

Rousseau démocrate ?Le Contrat social a parfois été considéré comme le texte fondateur de la République française, non sans malentendus, ou à titre d'accusation de la part des opposants à la République. On s'est surtout attaché à sa théorie de la souveraineté : celle-ci appartient au peuple et non à un monarque ou à un corps particulier. Assurément, c'est chez Rousseau qu'il faut chercher les sources de la conception française de la volonté générale : contrairement aux théories politiques anglo-saxonnes, Rousseau ne pense pas la volonté générale comme la somme des volontés particulières - c'est-à-dire la volonté de tous -, mais comme ce qui procède de l'intérêt commun : « otez [des volontés particulières] les plus et les moins qui s'entre-détruisent, reste pour somme des différences la volonté générale ».

On oublie souvent que Rousseau destinait son Contrat social à de petits États. Il s'inspirait de deux modèles, l'un antique (la cité grecque, notamment Sparte alors tenue pour démocratique), l'autre moderne (la République de Genève). Rousseau s'opposait à l'opinion de la majeure partie des "Philosophes" qui admiraient souvent les institutions anglaises, modèle d'équilibre des pouvoirs loué par Montesquieu et Voltaire. Rousseau s'opposait également avec force au principe de la démocratie représentative et lui préférait une forme participative de démocratie, calquée sur le modèle antique. Se borner à voter, c'est, selon lui, disposer d'une souveraineté qui n'est qu'intermittente ; quant à la représentation, elle suppose la constitution d'une classe de représentants, nécessairement voués à défendre leurs inérêts de corps avant ceux de la volonté générale. En revanche, il s'opposait à la diffusion massive des savoirs, comme le montre son Discours sur les sciences et les arts qui y voit la cause de la décadence moderne. Le modèle de Rousseau est bien plus Sparte, cité martiale, dont le modèle entretenait déjà quelque rapport avec la cité de La République de Platon, qu'Athènes, cité démocratique, bavarde et cultivée. Certains critiques — comme l'universitaire Américain Lester G. Crocker — particulièrement sensibles au modèle d'autarcie et d'unité nationales de Rousseau lui ont reproché d'avoir favorisé le totalitarisme moderne. Cette opinion devient minoritaire depuis une courte période, mais elle témoigne de la force polémique qu'ont encore de nos jours les écrits du "Citoyen de Genève".

Œuvres [modifier]

Page de garde du « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes  » de Jean-Jacques Rousseau, fruit d'un concours lancé par l'Académie de Dijon
Page de garde du « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes  » de Jean-Jacques Rousseau,
fruit d'un concours lancé par l'Académie de Dijon
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Pour toutes les œuvres de Rousseau, l'édition de référence, riche en introductions, notes et variantes, est celle des Œuvres complètes, 5 tomes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade. Le tome I (1959) comprend les œuvres autobiographiques ; le tome II (1961), la Nouvelle Héloïse, les pièces de théâtre, et les essais littéraires ; le tome III (1964), les écrits politiques ; le tome IV (1969), les ouvrages relatifs à l'éducation, la morale et la botanique ; le tome V (1995) les écrits sur la musique, la langue et le théâtre, ainsi que les textes historiques et scientifiques.

Citations [modifier]

  • « Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme. » (Du contrat social)
  • « L'impulsion du seul appétit est esclavage, et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. » (Du contrat social)
  • « Il est vrai qu'Aristote [...] distingue le tyran du roi, en ce que le premier gouverne pour sa propre utilité et le second seulement pour l'utilité de ses sujets ; mais [...] il s'ensuivrait de la distinction d'Aristote que depuis le commencement du monde il n'aurait pas encore existé un seul roi. » (Du contrat social)
  • « Conscience ! Conscience ! Instinct divin. » (Émile ou De l'éducation)
  • « Quoiqu'en disent les moralistes, l'entendement humain doit beaucoup aux passions, qui d'un commun aveu lui doivent beaucoup aussi. » (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes)
  • « L'homme est né libre, et partout il est dans les fers. » (Du contrat social)
  • « Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit, et l'obéissance en devoir. » (Du contrat social)
  • « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne. » (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes)
  • « J'ai toujours remarqué que les gens faux sont sobres, et la grande réserve de la table annonce assez souvent des mœurs feintes et des âmes troubles. » (Julie ou la Nouvelle Héloïse)
  • « La liberté est un aliment de bon suc, mais de forte digestion. Il faut des estomacs bien sains pour la supporter. » (Considérations sur le gouvernement de Pologne)
  • « [...] la parole étant la première institution sociale ne doit sa forme qu'à des causes naturelles. » (Essai sur l'origine des langues, I)
  • « Comme les premiers motifs qui firent parler l'homme furent des passions, ses premières expressions furent des tropes. Le langage figuré fut le premier à naître, le sens propre fut trouvé le dernier [...] D'abord on ne parla qu'en poésie ; on ne s'avisa de raisonner que longtemps après. » (Essai sur l'origine des langues, III)
  • « Jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe, et c'est alors seulement qu'il paraît vouloir ce qui est mal. » (Du contrat social, II)
  • « J'aurais aimé les hommes en dépit d'eux-mêmes. » (Rêveries du promeneur solitaire)

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